Les phénomènes d'envahissement et de proliférations d'espèces végétales exotiques dans les cours d'eau et les zones humides connaissent depuis une dizaine d'années un essor important, notamment dans la région Poitou- Charentes.
Il apparaît désormais que notre société est durablement confrontée à ces problèmes, la neutralisation naturelle (naturalisation) des espèces envahissantes prenant plusieurs décennies à plusieurs siècles. L'éradication demeure souvent illusoire tant qu'aucune méthode ne permet de circonscrire une zone d'introduction à temps.
Pour les espèces qui ont déjà dépassé les seuils de nuisances, les contraintes sont à gérer au mieux. Il faut protéger la biodiversité et les écosystèmes, et réduire les impacts négatifs sur les usages liés à l'eau des rivières et des zones humides. Il apparaît ainsi nécessaire de mettre en oeuvre à l'échelle des bassins versants un outil d'observation opérationnel pour suivre l'évolution de l'état d'envahissement et la réponse de gestion de milieu adaptée. Ces outils visent à permettre une modulation annuelle des efforts coordonnés, ainsi qu'offrir une vision réelle des nuisances supportables par la société.
Plus d'information : site internet de L'Observatoire Régional des plantes exotiques ENVahissante des écosystèmes Aquatiques de Poitou-Charentes (ORENVA).
Les amoureux des lacs, rivières et autres étangs commencent à la connaître. Malgré son jeune âge sous nos latitudes, la jussie commence à se faire une place dans les cours d'eau de plaine charentais. Au grand dam des professionnels des eaux. En 2003, le Conseil général de la Charente s'est doté d'un Observatoire des plantes envahissantes, le premier en France. Depuis, la Région a mis en place un organe similaire : l'Observatoire régional des plantes envahissantes et des systèmes aquatiques (Orenva).
« On s'est rendu compte que cette plante d'Amérique du sud était arrivée en Charente après la canicule de 2003. Après la tempête de 1999, nous étions si occupés à déblayer et tout remettre en état que nous ne l'avons pas vue apparaître. L'été de la canicule, cette plante s'est considérablement développée grâce aux trouées de soleil rendues possibles avec les chutes d'arbres », explique Alain Marchegay, responsable de la cellule rivière au Conseil Général.
Il sensibilise les promeneurs, mais aussi les loueurs de pénichette et les propriétaires d'étang. L'observatoire a publié un petit fascicule aidant à reconnaître la jussie et distillant des conseils basiques : ne pas la cueillir ni la faucher ou l'arracher soi-même. « On veut que les gens puissent la reconnaître et nous prévenir. Mais surtout, qu'il ne l'arrache pas », insiste Alain Marchegay. Car la jussie est une plante qui se multiplie très rapidement.
Faune et flore en danger :
Face à cette espèce qui entraîne une diminution de la biodiversité, un comblement des zones humides et une asphyxie du milieu, l'observatoire s'est entouré de nombreux acteurs (Charente Nature, fédérations de canoë et de pêche, différentes diverses directions départementales…), notamment sur les bassins versants. Chaque année, les relevés de la présence des herbiers sont mutualisés. De cet inventaire, l'Observatoire tire des statistiques.
Ainsi, 18 000 m² de jussie étaient répertoriés en 2003, avec un pic à 113 600 m² en 2005. Désormais, la superficie d'herbiers environne les 20 000 m². « Avec les étés maussades 2007 et 2008, on a assisté à un fléchissement de la jussie. On parvient à maîtriser son expansion car on arrache, mais on ne l'éradique pas. On n'a, pour l'heure, pas trouvé d'issue. Et puis, la plante s'adapte. On la trouve désormais sur la Touvre, qui est une rivière très fraîche. Si on n'était pas là, ce serait bien plus important », convient Alain Marchegay.
L'été 2011 semble parti comme celui de 2005 où la jussie avait connu un pic. « Si ça continue, avec si peu d'eau et un été chaud, ça va être une catastrophe… », soupire Alain Marchegay.
Des campagnes d'arrachages, mécanique et manuel, seront alors organisées, certaines opérées par des entreprises spécialisées. Chaque année, le coût de l'éradication de la jussie est d'environ 100 000 euros sur les cours d'eau non domaniaux et sur le fleuve Charente.
Observatoire des plantes envahissantes, 05 45 22 81 81.
Source : Journal Sud Ouest : http://www.sudouest.fr/2011/03/29/le-retour-de-la-jussie-356362-1140.php
Pour l'heure, seule la jussie fait partie des plantes répertoriées à l'Observatoire des plantes envahissantes, mais certaines risquent d'y faire leur entrée. En attendant, chaque année, lors des recensements, les techniciens sont invités à répertorier toute plante suspecte.
La MYRIOPHYLLE DU BRÉSIL est une plante d'étangs qu'on trouve aussi dans les rivières. Elle peut-être partiellement émergée ou immergée. Ses tiges sont allongées sur l'eau. Elles peuvent atteindre 3 à 4 mètres de longueur pour un diamètre de quelques millimètres.
La RENOUÉE DU JAPON est une plante terrestre qui se trouve, comme la jussie, sur les berges. Bien ancrée, elle est compliquée à arracher. Elle se trouve également sur les bords de routes et est souvent transportée dans le remblai.
La BALSAMINE DE L'HIMALAYA s'arrache se répand principalement le long des cours d'eau et aime les lisières ou les zones ombragées ainsi que les sols frais.
Gazette rivière n° 31, juillet 2013, réalisée par le C.P.I.E. Val de Gartempe dans le cadre de l’animation du réseau T.M.R. qui réunit les structures à compétence « rivière » (élus et Techniciens Médiateurs de Rivières) des régions Poitou-Charentes et Limousin.
Gérer les espèces exotiques envahissantes… Est-ce possible ? Comment ?
La gestion – « Faut-il intervenir ? »ou « Comment s’en débarrasser ? » ou encore « Comment faire pour vivre avec ? » − peut se définir comme l’administration des implications concrètes des invasions biologiques auxquelles sont directement confrontés les responsables des territoires envahis qui doivent ainsi décider des actions à mener et les engager effectivement […]. Dans l’idéal, une démarche de gestion des invasions biologiques devrait intégrer l’ensemble des paramètres liés aux causes et conséquences des processus en cours et des caractéristiques des parties prenantes en contact que sont les espèces introduites, les communautés naturelles autochtones et les sociétés humaines. (Dutartre, 2010).