Extrait du document "Guide des zones humides" Gironde, Charente et Charente Maritime, réalisé par EPIDOR en 2009
Les zones humides constituent un patrimoine naturel exceptionnel, en raison de leur richesse biologique et des fonctions naturelles qu'elles remplissent. Qu'elles soient petites ou grandes, elles forment une mosaïque qui participe à l'autoépuration de l'eau et contribue à l'atténuation de l'effet des crues et au soutien d'étiage. Elles offrent un espace propice aux loisirs : promenade, pêche, chasse… Elles ont été pendant longtemps, mal connues et mal considérées. En France, en cinquante ans, plus de la moitié des zones humides a été détruite principalement à cause de l'urbanisation et de l'agriculture. Le morcellement et la détérioration des zones restantes rendent la situation critique pour la survie de certains types d'écosystèmes et pour la gestion équilibrée de l'eau. Aujourd'hui, nous voyons les résultats de l'absence de politique de protection des zones humides : les crues sont plus brutales, les ruisseaux s'assèchent plus fréquemment, le transfert des pollutions diffuses vers les cours d'eau et vers les nappes est plus rapide, la biodiversité s'amenuise et les paysages se banalisent. Les collectivités disposent de plusieurs outils opérationnels pour agir en faveur des zones humides, notamment depuis la loi sur le développement des territoires ruraux du 24 février 2005 qui déclare leur préservation et leur gestion durable d'intérêt général. Parmi ceux-là, les schémas de cohérence territoriale, les plans locaux d'urbanisme, et les cartes communales relèvent de la compétence des élus locaux.
Définition et statut des zones humides :
Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Une zone humide est un terrain qui est habituellement inondé ou gorgé d'eau. Cette profusion d’eau peut être permanente ou seulement temporaire. Ce sont des secteurs où l’eau peut s’accumuler, stagner et où certains processus biologiques ont le temps de se mettre en place. Il peut s’agir de terrains exploités ou non.
Comment les reconnaître ?
Hors des périodes où l’eau est affleurante, il existe deux autres indices pour repérer les zones humides.Sur les terrains sauvages, la végétation est généralement le critère le plus évident, car seules des plantes adaptées à l’excès d’eau peuvent se développer. Parfois les zones humides ont été transformées, exploi-tées ou cultivées et leurs caractéristiques végétales ne sont plus évidentes à repérer. Dans ce cas, il est toujours possible d’observer des marques d’oxydo-réductiondans la partie superficielle du sol. Les oxydes de fer et de manganèse forment en effet des tâches rougeâtres et brunâtres repérables dans le sol.
Des milieux d’intérêt général :
Les zones humides sont d'intérêt général. Chacun, à son niveau, doit donc agir pour les pré-server et, si c’est possible, pour les restaurer. D’une façon générale, les zones humides sont protégées et certaines activités y sont réglementées. Certaines zones humides peuvent en outre obtenir un statut renforcé, arrêté par le Préfet, de “zone humide d’intérêt environnemental particulier”, ou de “zone humide stratégique pour la gestion de l’eau”. Ce classement impose la mise en place d’un plan de gestion. Des protections supplémentaires peuvent alors s’appliquer. Des programmes publics de préservation peuvent également être mis en place dans ce cadre.
La réglementation en vigueur :
Les travaux d’assèchement, de drainage,l’imperméabilisation, les remblais, la création de plans d’eau, l’épandage de boues et d’effluents font l’objet d’une réglementation. Ils sont soumis à déclaration ou à autorisation selon l’importance des travaux. Des réglementations supplémentaires peuvent exister dans le cadre des plans de gestion (cas des zones humides d’intérêt environnemental et des zones humides stratégiques pour l’eau). Des prescriptions peuvent aussi être énoncées par un SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux). Des servitudes peuvent notamment être instaurées et certaines pratiques interdites comme le drainage ou le retournement des prairies.
Les zones humides dans le SDAGE Adour-Garonne :
Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) identifie les zones humides comme des milieux particuliers à protéger et à restaurer. Le nouveau SDAGE qui sera adopté en 2009 devrait renforcer leur prise en compte dans les politiques publiques. Il prévoit notamment qu’une cartographie complète soit établie avant 2015. Il prévoit que les listes départementales des zones humides d’intérêt environnemental et des zones humides straté-giques pour la gestion de l’eau soient arrêtées avant 2013. Il envisage l’arrêt du financement public des opérations entraînant une atteinte aux zones humides (drainage, remblai...). En cas de destruction de zones humides motivée par des travaux d’intérêt général, il envisage de rendre obligatoire la recréation de zones humides équivalant à 150% de la surface perdue.
Les textes de référence sur les Zones humides :
* Loi sur l’Eau du 3 janvier 1992 : Elle définit officiellement les zones humides (article 2) comme : “les terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par les plan-tes adaptées à l'eau.” Elle instaure un régime d’autorisations et de déclarations pour les travaux, installations, ouvrages et activités pouvant porter atteinte aux zones humides.
* Décret 93-743 du 29 mars 1993 modifié : Il définit la nomenclature des opérations soumises à autorisation ou à déclaration en application de l'article 10 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 (rubrique 3.3.1.0)
* Loi sur les risques du 31 juillet 2003 : Elle donne la possibilité d'instituer des servitudes de mobilité des cours d'eau ou de rétention des crues. Ce type de servitudes peut concerner l’interdicton du drainage, le remblaiement ou le retour-nement des prairies.
* Loi pour la transposition de la directive cadre sur l’eau du 21 avril 2004 : Elle affirme que les zones humides contribuent au bon état des masses d’eau avec lesquelles elles sont liées.
* Loi sur le développement des territoires ruraux du 23 février 2005 : Elle déclare que les zones humides sont d’intérêt général et assure une reconnaissance politique de la protection des zones humides. Elle ouvre la possibilité de mener des actions particulières (incitations, obligations), sur les “zones humides d’intérêt environnemental particulier” et sur les “zones humides stratégiques pour la gestion de l’eau”.
* Décret n°2007-135 du 30 janvier 2007 et Arrêté du 24 juin 2008 : Ils précisent les critères de définition et de délimitation des zones humides, en application de la loi sur le développement des territoires ruraux du 23 février 2005.
http://www.eptb-dordogne.fr/public/content_files/zh_charentes_gironde.pdf
Source du document : http://www.youtube.com/user/EPTBDordogne
Pour consulter la fiche "Zones humides" de votre commune en Charente, réalisée par EPIDOR, cliquer sur le lien ci-dessous :